mardi 16 avril 2013

"Les cités de la nuit écarlate" - William Burroughs

Ah, c'est toujours bien compliqué de parler d'un livre de William Burroughs. Il faut savoir que c'est tout aussi difficile, parfois, d'en lire un en entier sans échauffer la machine ou coincer les engrenages du cerveau, alors pourquoi est-ce qu'il y a des gens comme moi, qui se donnent quand même la peine de tous les lire ? Parce que c'est un sacré personnage (désolée, je me foule pas trop aujourd'hui, c'est mon anniversaire).

Des quelques livres que j'ai réussi à attraper au vol, celui-ci est l'un des plus abordables, avec Junky et le Festin nu. Pourquoi abordable ? Burroughs est un adepte de la technique du cut-up, qui consiste à "prendre des petits bouts de truc et puis les assembler ensemble". Il fait du patchwork, quoi, en prenant ici et là, en aiguisant ses mots comme un couteau de boucher pour égorger les âmes sensibles et en profiter pour rajouter quelques milliers de scènes de cul à tous les étages. En dehors de ça, il lui arrive aussi d'écrire des histoires avec une vraie structure (ou presque), des phrases complètes et une certaine logique.

Dans Les cités de la nuit écarlate, qui est le premier tome d'une trilogie, il met en scène plusieurs époques, plusieurs lieux et personnages, avec une idée principale : baisez à outrance et droguez-vous pour une vie meilleure, et que vive l'utopie pirate. Il y a de la matière, du début à la fin, et ça marche : on accroche. Que ce soit sur un navire de jeunes pirates finis à l'opium, ou dans des cités où règnent l'art de la potence, de l'aphrodisiaque et du féminisme ; que ce soit ce détective privé qui maîtrise l'art de la sorcellerie pour retrouver de jeunes garçons perdus, ou ceux-là qui organisent des rituels pour ressusciter dans le corps de nouveaux-nés pour vivre éternellement, Burroughs sait capter l'attention et poser de vrais décors. Le seul reproche, peut-être, c'est qu'au fur et à mesure de l'histoire, on oublie certains personnages pour se consacrer à d'autres, alors même qu'on aimerait bien les revoir plus souvent, et qu'on s'y perd un peu parfois, car il n'est jamais précisé de qui il est question aux débuts de chapitre.

Je le conseille vraiment pour ceux à qui Burroughs ne fait pas trop peur, et celui-là surtout pour commencer à se lancer dans son oeuvre dérangeante. Si j'ai l'occasion, en tout cas, je continuerai la trilogie. Et le prochain sur ma liste ? Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines, ne serait-ce que pour le titre, mais aussi parce qu'il est en collaboration avec Jack Kerouac. A suivre, donc.

par Mrs.Krobb

Les cités de la nuit écarlate de Willian Burroughs
Littérature américaine (traduction de Philippe Mikirammos)
Christian Bourgois (Titres), février 2009
10 euros

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