lundi 24 mars 2014

"Féérie pour les ténèbres" - Jérome Noirez

Pour un retour en douceur dans le monde de la fantasy, on peut dire que je me suis pris une grosse claque. Non pas que Jérome Noirez soit à mes yeux une révélation, mais parce que le monde qu'il fait naître et les idées dont il déborde sont monstrueusement complexes, denses et malsaines.

Dans un Monde difficile à situer géographiquement et temporellement, la Technole envahit tout, comme une poussée de champignons vénéneux, comme la peste noire, noire de charbon et de ténèbres. Ce qu'elle représente, c'est plus ou moins notre monde moderne, assoiffé de technologie, d'industriel, d'électricité, de matière plastique. Et si c'est ce qui en effraie certains, attendez de voir la population dite de l'En-Dessous, ce capharnaüm de labyrinthes en sous-sol, où seuls quelques-uns peuvent, savent ou désirent s'y aventurer, parce que ses habitants, les rioteux, sont un regroupement d'êtres humains morcelés, de moignons et de membres esseulés, faits parfois de chair et d'os, mais aussi de temps en temps de latex, de cuivre et de polystyrène.

De nombreux destins se croisent sur ou sous ces terres dangereuses et repoussantes, avec pour dénominateur commun la quête de la vérité à propos de ce Monde étrange, sur son passé, son présent, son futur aux allures apocalyptiques et abjectes. Un nom mystérieux apparaît sur les lèvres : Charnaille... Mais gare à ceux qui révèlent les secrets, et gare aux audacieux qui oseraient se mêler aux ténèbres.

L'intrigue met du temps à s'installer, de par la difficulté d'installer un décor aussi improbable et fourmillant d'informations, de mettre en scène toute une myriade de personnages chacun plus incongru que l'autre. On pourrait se croire dans un bouquin de Terry Pratchett pour le côté absurde, ajouté à un livre de Philip K. Dick pour le côté science fiction et anticipation, le style d'écriture et l'expérience en moins. Cela dit, Jérome Noirez sait y faire pour prendre aux tripes et pour donner à la fois une part très largement mystique et une part fortement déconseillée aux femmes enceintes.

J'aurais du mal à dire au final si j'ai réussi à aimer cette histoire, en tout cas je suis restée très intriguée du début à la fin. Il y a réellement du potentiel ici, reste à savoir s'il ne pourrait pas s'améliorer en se simplifiant beaucoup ou en gagnant en clarté.

Je vous laisse sur cet article de Loubard à propos de 120 journées, une autre publication de Jérome Noirez.

par Mrs.Krobb

Féerie pour les ténèbres de Jérome Noirez
Littérature française
J'ai Lu, mars 2014
8 euros

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