mardi 14 avril 2015

"La Tour des damnés" - Brian Aldiss

Nous avons là une nouvelle de science-fiction qui, comme beaucoup, part d'une réalité et la modifie à peine pour rendre compte de certains faits actuels qui pourraient ou s'améliorer, ou dégénérer. Ici, il s'agit de faire face à l'important problème de surpopulation en Inde, notamment en fondant des cités verticales et en réduisant l'espérance de vie à plus de sa moitié.

La Tour est un projet du Centre Ethnologique de Recherche sur les Groupes A Forte Densité. L'immense bâtiment-cité, divisé en dix niveaux de cinq étages chacun, abritait à ses débuts, au milieu des années 70, 500 couples d'indiens volontaires de moins de vingt ans qui allaient trouver refuge contre la famine et la maladie. Ne disposant d'aucun moyen de contraception, la population de la Tour s'accrut à une rapidité incroyable, à un tel point que celle-ci atteint 75 000 habitants, dont l'écrasante majorité est constituée d'enfants qui font à leur tour des enfants avant même l'âge de 10 ans.

Totalement coupés de la réalité, ces individus voient le reste du monde comme absurde et se sentent moins prisonniers que ceux qui sont sensément plus libres qu'eux. Leur foi leur donne une force immense, allant même jusqu'à leur donner certaines facultés psychiques que voudraient étudier ceux qui s'occupent de la Tour. Seulement, vingt-cinq ans après, les financements ne sont plus suffisants pour continuer de maintenir la Tour dans une situation correcte, et surtout, beaucoup de problèmes ont été résolus depuis dans le reste du monde, notamment au niveau de la nourriture qui devient presque exclusivement synthétique.

Sans en dire plus, puisque la nouvelle ne tient après tout que sur cent pages, je regrette néanmoins qu'elle n'ait pas été plus développée. Son concept est fortement intéressant, tant dans l'expérience que dans ses résultats, et même si c'est très bien exposé ça manque parfois d'approfondissement pour répondre aux questions soulevées. Et surtout, l'histoire manque à mon sens d'une suite, d'une conclusion - qui ne figure que vaguement au tout début du livre. Cela reste malgré tout un excellent texte, à l'écriture impeccable et légèrement cynique, qui figure probablement dans les "intemporels" (sachant qu'il a été écrit en 1968). Sachant que nous avons toujours - voire de plus en plus - les mêmes préoccupations qu'à l'époque, il serait peut-être urgent de voir ce qui nous attend (peut-être).

Pour l'info, c'est l'une des nouvelles de Brian Aldiss (Les Supertoys durent tout l'été) qui a inspiré le film A.I. Intelligence Artificielle de Steven Spielberg.

par Mrs.Krobb

La Tour des damnés de Brian Aldiss
Littérature anglaise (traduction par Guy Abadia)
Le passager clandestin, janvier 2013
8 euros

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