lundi 17 août 2015

"Ceux qui brûlent les livres" - George Steiner

L'auteur aborde succinctement le rapport à la littérature depuis ses tous premiers balbutiements à son apogée - puis, ce qui semble être son déclin. Mais d'abord, il semble important de rappeler ce qu'est la littérature, ce qui la motive, et à qui elle s'adresse.

Les livres sacrés, religieux, sont le point de départ. En premier lieu, la littérature relate les exploits, les faits, la vie, elle montre une conduite, une voie, une morale. Il appartient à chacun d'en étudier la moindre lettre afin de comprendre sa place sur Terre, il appartient à chacun de s'en saouler jusqu'à plus soif, afin que ces écrits ne sombrent pas dans l'oubli - tradition qui découle de la culture orale, qui ne pouvait subsister que si quelqu'un continue de la raconter, de la partager. C'est la culture par le par-coeur, qui ne propose pas de faire travailler son imagination mais plutôt de comprendre le monde, d'en saisir les exactitudes. Tant qu'un peuple possède son Livre, il est voué à continuer d'exister.

D'ailleurs, c'est cette dominance du religieux qui a amené à la censure tout écrit qui n'est pas dédié à la grandeur d'un Dieu, à un exploit d'un homme saint. Une tendance qui tend grandement à s'inverser aujourd'hui, étant donné la multiplicité de livres - mais aussi la grande expansion d'autres formes culturelles dites de loisir. Quand on sait quel combat les amateurs de livres ont du mener tout au long de l'Histoire, il parait dérisoire de voir le nombre de littérature de moindre qualité et de moindre réflexion ou intérêt sacré qui est produite chaque année. Mais dans certains pays, la censure demeure forte.

Bien que développée en peu de pages, c'est une grande réflexion sur l'écrit et sur son histoire. La question du rapport entre le Livre et le peuple juif prend une grande place dans ce livre, et montre à quel point la tradition de la lecture a pu dévier de son intérêt d'origine. Le regard qu'on porte sur un texte, selon qu'on le prenne au pied de la lettre ou dans son sens métaphorique a une immense importance culturelle, notamment religieuse. Et que dire de ces textes dont l'intensité est telle qu'il est difficile d'avoir la même passion pour sa propre vie ?

par Mrs.Krobb

Ceux qui brûlent les livres de George Steiner
Essai anglais (traduction par Jean-Emmanuel Dauzat)
L'Herne, juillet 2008
9,50 euros

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